Jérémy A.

Tu peux entrer, Jérémy !

Jérémy pénétra dans la salle d'évaluation. Là, devant lui, se tenait le jury constitué des professeurs de l'académie. Jérémy souffla pour se réchauffer un peu puis retira son écharpe ainsi que le gros manteau qu'il avait mis pour traverser la cour du château. Jérémy savait qu'il fallait qu'il donne tout dans cette prestation pour éviter la nomination qu'il redoutait tant. Il avait décidé de donner tout ce qu'il pouvait coûte que coûte. Jérémy salua les professeurs d'un air amical:

- Bonjour à tous!

Puis, il alla prendre le micro situé au fond de la salle et le mit en position au niveau du piano. Puis, il dit en s'adressant de nouveau aux professeurs:

- Alors j'ai décidé de vous interpréter "Le lien" de Grégory Lemarchal mais à ma manière. C'est pour cela que j'ai décidé de jouer la mélodie au piano.

Après l'approbation du jury, Jérémy se mit en place au niveau du piano puis vérifia si il était à bonne tonalité en faisant une très rapide gamme. Tout se présentait pour le mieux.
Jérémy avait décidé de s'approprier la chanson de Grégory de manière à amplifier le message de la maladie et de ce qui nous retiens à la vie.
Il attendit quelques secondes, se concentra, puis entama la mélodie au piano. Il jouait la mélodie de manière plus lente que dans la version originale. Après avoir joué remarquablement au piano les premières dizaines de secondes d'intro de la chanson, il commença à chanter le premier couplet:

Elle regarde ma main
Elle s'accorde une pause
J'appelle à mon destin
Mon coeur lourd se repose
Je ne sens que le bien
Et le mal se suppose
Le lien

Il chanta ce premier refrain en misant sur l'émotion, le facteur principal de la chanson tant le sujet qu'elle dénonce est fort. Cependant, il se concentra également sur les prouesses vocales qu'il réalisa de manière optimale. Il chanta ce premier couplet sur un ton plutôt grave puis moins grave, cela en alternant une phrase sur deux. Jérémy fit passer beaucoup d'émotion au jury et cela surtout par le regard. Il trouva le moyen de mettre une telle intensité dans ses yeux que quiconque l'écoutait ne pouvait qu'en être bouleversé. Il regarda alternativement chaque membre du jury un par un. Dans la salle se créait une atmosphère particulière. Puis, il prit un air plus dur lorsqu'il en arriva a parler du mal et il chanta de manière très sèche les deux mots "Le lien", cela marqua nettement la fin du premier couplet. Jérémy n'avait rencontré aucun problème de technique vocale dans ce premier couplet. il l'avait chanté de manière personnelle mais qui rendait très bien. La preuve en fut que le jury semblait très captivé. Jérémy, après ce premier couplet plutôt réussi selon lui, entama le second.

Elle remonte trop loin
Les souvenirs s'essoufflent
Je trouve un peu de moi
Dans cette vie sur ces routes
C'est comme au bord d'un rien
Que le lien me revient
Enfin

Dans ce second couplet, le jeune artiste accéléra très légèrement le rythme de la mélodie. L'émotion était toujours très présente dans ce couplet. Chaque mot qui sortait de sa bouche était pensé par Jérémy, il vivait sa chanson. Ce second couplet était plutôt à l'image du premier, aucune difficulté technique. En effet, il chanta de manière très juste le couplet, et toutes les notes qu'il passait était parfaitement réussies. Pour les 5 premières phrases, Jérémy prit un air de visage et un ton semblable à une personne qui raconte sa vie passée avec énormément d'émotion. Jérémy avait un charisme de scène important, surtout dans cette évaluation, ce qui était assez paradoxale par rapport à son comportement dans le sein du château. En effet, il était d'habitude timide mais lorsqu'il entrait sur scène, tout s'effaçait et il devenait très charismatique. Jérémy lança des regards de nouveau sur chacun des professeurs, comme pour les intégrer à l'histoire qu'il leur racontait, pour les amener à entrer dans son monde. Lors des deux dernières phrases, il changea radicalement de ton tout en contrôlant parfaitement sa voix et en préservant l'émotion qu'il ressentait et qu'il transmettait. Il prononça le mot « enfin » sèchement, comme à la fin du premier couplet. Jérémy avait donner beaucoup d'émotion et avait chanté parfaitement juste dans ce couplet.
Une fois ce second couplet achevé, Jérémy se prépara pour le refrain:

Racontez-moi
Quel est ce lien qui me tient vivant dans ce monde
Rassurez-moi
Si les douleurs nous rendaient meilleurs
Racontez-moi

Il chanta plus aigu que dans les couplets. Il passa toutes les notes merveilleusement bien en contrôlant parfaitement sa voix. Il chantait parfaitement juste. L'émotion que ce jeune homme dégageait était très intense. Il prolongea parfaitement certaines notes comme le "leurs" de "douleurs" ou encore le mot "lien". Pour ce refrain, Jérémy accéléra la mélodie au piano. Il regardait chaque professeur et sur son visage, on pouvait lire comme une sorte de colère. Il chanta ce refrain dans une énergie fracassante.
Après ce premier refrain haut en couleur, Jérémy entama le troisième couplet:

A ceux qui rêvent sans fin
Qui s'accordent un repos
Comme ceux qui meurent pour rien
Si loin sans une rose
Je me dis que soudain
Mes peurs c'n'est pas grand chose
Pas grand chose

Le refrain avait comme transformé la chanson. En effet, Jérémy ne chanta pas ce couplet comme les deux précédents, mais avec un rythme plus rapide et des notes plus hautes. Il s'appliqua à transmettre toujours une grande émotion au jury et sa voix était parfaite ce matin. En effet, il n'y avait aucune impureté, sa voix était claire et surtout, il chantait très juste, et ce même dans les notes les plus difficiles. Jérémy vivait toujours à fond sa chanson. Il avait l'impression qu'elle avait été écrite pour lui car sa voix se mariait parfaitement avec la mélodie. Jérémy faisait preuve d'une puissance vocale étonnante ce matin. Il attaqua la première phrase dans un ton très déterminé. Il fit durer le mot "rose" en tenant parfaitement la note. Le deuxième "pas grand chose", il le chanta avec une voix rauque, comme pour montrer la colère. Il occupait la scène entière alors qu'il était assis tellement l'énergie qui se dégageait de lui était importante.

Racontez-moi
Quel est ce lien qui me tient vivant dans ce monde
Rassurez-moi
Si les douleurs nous rendaient meilleurs
Racontez-moi
Quel est ce lien qui nous tient vivant dans ce monde
Rassurez-moi
Si les douleurs nous rendaient meilleurs

Il chanta ce deuxième refrain dans le même état d'esprit que le premier et avec une énergie semblable. Sa voix était toujours parfaitement juste et l'émotion toujours au rendez-vous. Cependant, à partir du deuxième "racontez moi", le jeune artiste changea de note. Il chanta plus aigu et il atteint la note la plus haute au niveau du "nous tient". Jérémy redescendait légèrement dans les graves dans les fins de phrases. Il respirait parfaitement, dans les moments appropriés, c'est à dire entres chaques phrases. Sa prestence scénique s'amplifia encore plus sur cette seconde partie de refrain car le changement de note fut accompagné par un ajout d'énergie, que Jérémy contrôlait parfaitement.Il se prépara pour entamer le tournant de la chanson. Les professeurs avaient encore chacun leur part d'émotion car Jérémy partageait son émotion avec eux en créant une atmosphère bien à lui.

Le pendu me foudroie
Mais la lune s'interpose
La lutte se fait sans foi
Le jugement explose
L'ermite est au soleil
Et l'impératrice, le monde
Pour moi

Ce couplet symbolisa un changement radical. En effet, Jérémy continua sur le rythme de la mélodie mais les notes évoluèrent encore. Il chanta encore plus haut et avec une sorte d'acharnement dans ses paroles. Il dénonçait des choses très dures alors il chantait les notes de manière sèches, et dures. Il tenait les notes sur les tout début de phrases ainsi que sur les toutes fins. Il prenait sa respiration une phrase sur deux pour ne pas retarder le rythme de la chanson et cela fonctionna merveilleusement bien. Jérémy, jouant au piano, s'appropria de plus en plus la chanson de manière merveilleuse. Sa technique vocale était toujours irréprochable et l'émotion donnée et ressentie était toujours grandissante. Il se passait véritablement quelque chose ce matin dans cette salle d'évaluations. Il chanta le "Pour moi" d'une manière très douce.
Jérémy continua:

Je serre encore les poings et je crie pour demain
Et je crie pour demain

Le lien, le lien

Jérémy chanta les deux phrases de manière très douces et plus la phrase avançait plus la vois du chanteur semblait diminuer et même s'éteindre. L'émotion était encore amplifiée.
Puis Jérémy fit mine d'éteindre sa voix au fur et à mesure sur les deux "le lien". Tout cela était toujours bien dosé et partagé avec le jury de professeurs. Puis, on eu l'impression qu'une pause avait lieu dans la chanson.
En effet, Jérémy continua en jouant pendant plusieurs dizaines de secondes au piano.
Et le refrain reprit de plus belle:

Racontez-moi
Quel est ce lien qui me tient vivant dans ce monde
Rassurez-moi
Si les douleurs nous rendaient meilleurs
Racontez-moi
Quel est ce lien qui nous tient vivant dans ce monde
Rassurez-moi
Si les douleurs nous rendaient meilleurs,
Nous rendaient meilleurs

Jérémy savait que la chanson se terminait et continua de chanter magnifiquement bien, sans aucune fausse note. L'émotion était à nouveau partagée et la respiration du chanteur était parfaitement mesurée. Il se donna à fond dans ce refrain qui était le dernier. L'énergie déployée était telle que dans sa tête, Jérémy se voyait sur une scène en train de faire le show, alors qu'il était en réalité assis au piano. Ce jeune homme dégageait décidément quelque chose de grandiose. Jérémy prit pour ce refrain des traits de visages reflétant la douleur, mais son visage n'était tout de même pas crispé. Il finit de chanter en prolongeant parfaitement la dernière note. Puis les dernières secondes furent consacrées au talent de pianiste de Jérémy. Lorsqu'il joua la dernière note de la mélodie, ses yeux se fermèrent et il essaya de contenir toutes ses émotions qui ne demandaient qu'à sortir tellement la chanson avait été forte.
Au bout de quelques secondes, le jeune homme se leva de son siège. Il alla reposer le micro là où il l'avait pris lorsqu'il était arrivé dans la salle, quelques minutes auparavant. Mais ces minutes lui semblaient très longues car il avait l'impression qu'il avait vécu une grande aventure de plusieurs heures. Il se dit que cela devait surement signifier qu'il avait bien vécu sa chanson.
Jérémy s'avanca vers les professeurs et leur dit:

- Merci et au revoir!

Puis il sorti de la salle et se dirigea vers le château.